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Agnès WITKO

Des sciences du langage à la pratique orthophonique.
Quelle(s) approche(s) théorique(s) du signe pour décrire la pathologie du langage ?

Agnès WITKO [1]
Orthophoniste – Docteur en Sciences du Langage
Université Claude Bernard Lyon1 Institut des Sciences et Techniques de Réadaptation- Ecole d’Orthophonie de Lyon

Mots-clés
Pathologie – métalangage –– substitut – langage(s) – indicateurs.

Au carrefour de sciences humaines telles que la psycholinguistique, la psychologie et les sciences du langage, l’orthophonie est une discipline dévolue à la pathologie du langage dans ses dimensions de prévention, d’évaluation, de prise en charge et de recherche clinique. En dialogue avec d’autres disciplines des sciences physiques, biologiques et médicales, sans oublier les sciences de l’éducation, les champs d’action et de réflexion de l’orthophonie se sont étendus : spécificité des tableaux cliniques, extension des âges de prise en charge au cours de la vie, informatisation des outils, évaluation des structures médico-sociales, prise en compte des contextes socio culturels, partenariats avec des acteurs de la recherche fondamentale et de la santé publique. L’action thérapeutique s’étant progressivement diversifiée, elle fait appel à des cadres théoriques et méthodologiques élargis, notamment en sciences du langage et en psychologie du développement. A ce titre, la sémiologie et la sémiotique sont convoquées pour éclairer la réflexion sur les procédures d’analyse et de description des systèmes de signification.
A la recherche d’une compréhension, voire d’une lisibilité des pratiques d’évaluation orthophoniques, trois axes se dessinent : relier des acceptions linguistiques du terme « sémiologie » à l’usage traditionnel établi en médecine, soumettre la notion même de langage à l’épreuve des corpus cliniques, illustrer ces différents éléments par une problématique particulière, celle des enfants qui ne parlent pas.
(1) La sémiologie médicale : quel héritage pour la pathologie du langage ?
Clairement affiliée aux pratiques du corps médical, l’orthophonie pourrait discuter explicitement les avantages de cet emprunt, qui facilite un premier repérage par inventaire et liste de signes et/ou de symptômes. Il semble possible d’enrichir l’usage technique actuel par une mise en relief de quelques éléments-clés du métalangage terminologique, en premier lieu les notions de signes et de symptômes.
(2) Des corpus cliniques à lire et à relire de manière plurisémiotique
Liés à une vision globale de l’individu « soigné », et à une grande variété d’outils et de médias au service de celui dont on va prendre soin, les systèmes d’expression-signification se sont démultipliés dans notre pratique. Ils touchent au corps dans ses aspects gestuels, posturaux ou proxémiques, aux images et aux espaces visuo-graphiques, ainsi qu’aux textes dans leurs fondements sémiotiques. A partir de la traditionnelle représentation du triangle d’Ogden et Richards (1923), et dans le sillage de Ch. Peirce (1960), une proposition reviendra à raisonner en termes de langage, et de langage(s), pour différencier les deux aspects de processus et de codes de signification.
(3) Le cas particulier des enfants qui ne parlent pas
Pour réduire le risque de figer des portraits d’enfants dans des clichés, les observations de terrain concerneront des enfants non étiquetés cliniquement, ces enfants qui ne parlent pas, aux prises avec l’accès au réel dans ses aspects cognitifs, sociaux et affectifs. Ils nous poussent dans un ultime questionnement d’abord sur la mise en sens du monde qui nous entoure, et plus encore sur la rencontre avec l’humain. En intégrant des apports issus de la psychologie du développement (Piaget, 1946/1964), (Wallon,1942/1970), Vygostky (1981), l’objet revient alors au premier plan dans ses caractéristiques matérielles, au sens sémiotique du substitut « primaire » : indice, signal, icône, simulacre ?
Ainsi, la visée de cette communication pourrait avoir pour objectif la discussion d’indicateurs, permettant d’intégrer certaines caractéristiques sémiotiques des « messages » de manière opératoire, en complétant la distinction binaire du signe saussurien par une déclinaison de trois dimensions du signe : sa matérialité et la nature des unités sémiotiques ; sa fonction relationnelle, à la fois triadique et binaire ; sa ou ses finalités, en termes d’intention de communication. Le but ultime de toute rééducation orthophonique n’est-il pas, pour le patient, pouvoir communiquer au plus juste de ses intentions ?

Notes

[1] agnes.witko@wanadoo.fr

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