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Thomas F. BRODEN

LE « QUADRILLE DE MARIE STUART »

Thomas F. BRODEN
Notre Dame Law School faculty
Email broden@purdue.edu

Mots clefs : sémio visuelle, sémiotique greimassienne, sémiologie, histoire culturelle, mode

Au quadrille de Marie-Stuart qu’organisa la duchesse de Berry pendant la saison du carnaval en 1829, la Cour recréa la présentation de l’épouse de François II à la Cour de France en 1558, chaque participant contemporain incarnant un personnage historique. Un album de 26 lithographies réalisées par Eugène Lami ainsi que des témoignages écrits dépeignent les comédiens princiers habillés en costumes anciens (partiellement) inspirés par les portraits de leurs aïeux. En comparant le recueil de Lami et les comptes rendus aux images et aux récits datant de la Renaissance, mais aussi aux gravures des costumes de spectacles historiques romantiques et aux planches des journaux de mode de la Restauration, on peut analyser comment les desiderata de vérité historique s’exprimant sous forme de demandes d’icones et indexes (Peirce) satisfaites ou déçues, pactisent avec les préséances et la politique, l’esthétique et la mode.
Les toilettes du quadrille participent à la construction d’une identité visuelle collective en tant que composants vestimentaires du plan d’expression d’une rhétorique iconographique et gestuelle passéiste dont le plan du contenu est le culte de la monarchie absolue et qui gouverne tout le cérémonial de cour sous Charles X. De plus, de tels bals costumés contribuent à faire imposer la Renaissance comme source d’inspiration principale pour la mode, ce qu’illustre la prolifération des manches en gigot, fraises, jupes en cloche, barbiches et cheveux longs. Déplaçant les styles de l’Empire inspirés de l’Antiquité, les modes de la Restauration font valoir des thématiques éthiques de la Cour des Valois aussi bien que des éléments plastiques et figuratifs de son esthétique. En même temps, les travestissements du quadrille favorisent la déconstruction identitaire en servant des stratégies de dépaysement et d’évasion momentanés, s’inspirant volontiers de la scène et exprimant des caprices d’exotisme et des fantaisies artistiques. Les déguisements de cette Cour des fous rappellent d’autre part l’excentricité anachronique qu’est le costume de cour pendant la Restauration, calqué sur celui de l’Ancien Régime et opposé aux principes du costume de ville, et dont la nostalgie et l’isolement s’avéreront illusoires.
Le vêtement offre un champ où convergent des éléments de paradigmes par ailleurs divergents, dont notamment la théorie de l’icône et de l’indexe peirciens, la rhétorique de l’image et le système de la mode barthésiens, le concept flochien de l’identité visuelle et la socio-sémiotique de l’objet. Cette communication dont la présentation insistera sur les images visuelles voudrait encourager les échanges entre la sémio et les milieux professionnels de la mode (création, marketing, distribution).

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